"Le psychologue ne parle pas"
Comme tout stéréotype, il existe une part de mythe et une part de réalité.
La thérapie est un espace d'écoute et de paroles. Le patient est au coeur de la thérapie et le travail du psychologue est de l'écouter. Dans certaines approches de la psychologie, telle que la psychanalyse, le thérapeute peut rester très silencieux. Cela convient parfaitement à des personnes qui se sentent à l’aise avec cette idée ou qui recherchent ce type de travail thérapeutique. En revanche, pour d’autres personnes, rester face à un thérapeute silencieux peut être très angoissant et cela peut empêcher la pensée d’émerger.
Lors du premier entretien, j'accueille le patient et cela passe notamment par l’accompagnement par la parole. Puis, au cours du suivi, je m'adapte à chacun de mes patients et à leurs besoins. Mes entretiens sont généralement dynamiques et interactifs mais certaines personnes préfèrent que je reste plus silencieuse. J'ai appris à ressentir les moments où les silences peuvent être importants et essentiels. Un silence est parfois indispensable pour réfléchir, laisser émerger une idée ou une émotion par exemple. En revanche, il peut s'avérer déroutant voire contre productif avec certains patients. Donc, le silence peut parfois s'avérer être un très bon outil pour le processus thérapeutique.
L'intervention du psychologue dépend souvent du courant théorique dans lequel il s'inscrit.
Par exemple, durant une séance de psychanalyse, le patient est généralement allongé et n'a plus de contact visuel avec l'analyste. Ainsi, ce dernier laisse émerger les associations d'idées du patient sans l'influencer. En revanche, d'autres psychothérapies analytiques se situent dans un entre deux à savoir que le thérapeute est face au patient et il rebondit plus souvent sur son discours que dans une psychanalyse classique. Enfin, des thérapies dites Thérapies Cognitivo Comportementales impliquent un échange plus dynamique entre le thérapeute et le patient et des exercices à réaliser. Il s'agit de thérapies actives.
Précisons toutefois que si le thérapeute n'intervient pas souvent, cela ne fait pas de lui un professionnel incompétent. A ce propos, si son écoute ou sa manière d'intervenir ne vous convient vous pouvez en discuter avec lui et cela peut être un tournant dans la thérapie.
"Le psychologue c'est pour les fous"
Toute souffrance psychique, qu'elle qu'en soit sa gravité ou sa cause, peut être soulagée grâce à une thérapie adaptée. Une thérapie peut convenir non seulement aux personnes souffrants d'une maladie mentale mais également à toute personne désirant être accompagnée pour surmonter une période difficile, développer ses capacités à s'épanouir, etc.
Il est essentiel de différencier la maladie mentale du mal-être psychologique. Chacun de nous peut avoir, à un moment de sa vie, besoin d’aide pour surmonter des épreuves difficiles, améliorer notre relation aux autres, renforcer notre confiance en nous... Pour autant, cela ne signifie pas que nous sommes tous atteints d’une maladie mentale. Le mal-être psychologique peut trouver sa source dans divers facteurs tels que des difficultés familiales/conjugales, un épuisement professionnel, un manque de confiance en soi ou encore un évènement difficile (deuil, rupture, maladie, accident, agression, etc).
La maladie mentale représente un ensemble de perturbations de la pensée, des émotions et/ou des comportements qui indiquent un trouble psychologique, développemental ou biologique des fonctions mentales. Bien sûr, les personnes atteintes de troubles mentaux bénéficient elles aussi de l'aide de psychologues.
Il existe autant de thérapies que de sources de mal-être.
"La thérapie dure des années"
Certes, certaines thérapies prennent beaucoup de temps (parfois plusieurs années) mais cela n'est ni une généralité ni une contrainte. La durée du suivi dépend de plusieurs facteurs. En effet, cela peut dépendre de la problématique ou des facteurs de risques (isolement, maladie physique en plus du mal-être psychologique, etc).
Le courant théorique dans lequel s'inscrit le psychologue peut impacter la durée de la thérapie. Effectivement, si vous débutez une psychanalyse, par définition le travail prendra du temps. La psychanalyse vise à investiguer la vie interne inconsciente, les profondeurs de votre psychisme et à replonger dans les souvenirs d'enfance. Cette démarche peut donc prendre plusieurs mois voire des années. En revanche, certaines thérapies sont dites "brèves" (par exemple les thérapies comportementales). Ces thérapies s'étalent en moyenne sur une dizaine de séances. Leur but est d'apporter rapidement une solution pour lutter contre des troubles (phobies, crises d'angoisse, problèmes de sommeil ou encore troubles alimentaires).
Certaines thérapies s'avèrent être très courtes puisque le lien entre le thérapeute et le patient n'est pas suffisamment solide. Il peut arriver que le patient ne s'investisse pas assez dans son suivi, que le clinicien ne parvienne pas à guider efficacement son patient ou encore que sa spécialisation ne corresponde pas au patient. Dans ce cas, le patient décide lui même d'arrêter les séances ou bien il est réorienté vers un autre professionnel.
L'aspiration du psychologue est de vous aider à sortir de votre mal-être et non de vous maintenir dans votre mal-être indéfiniment. Son but est de vous accompagner vers une autonomie et non de vous rendre dépendant de lui. Pour que le travail thérapeutique soit efficace il est essentiel que vous le compreniez et qu'il ait du sens pour vous. Ainsi, il est tout à fait possible de discuter avec le psychologue de la durée du suivi si cela vous pose question.
"Consulter un psychologue signifie que l'on a personne à qui parler"
Il n'est pas rare d'entendre "Comment un psychologue qui ne me connait pas pourrait mieux m'aider que mes proches ?" ou "Pourquoi payer quelqu'un pour m'écouter alors que je peux me confier gratuitement à mes amis ?".
Contrairement aux stéréotypes, le psychologue ne se contente pas d'être assis sur un fauteuil et de vous écouter parler. L'un des outils du thérapeute est bien évidement son écoute active mais ce n'est pas le seul. Sa formation lui fournit des connaissances approfondies sur le fonctionnement psychique. Le psychologue sait également maintenir une posture professionnelle, éthique et déontologique (protéger le secret professionnel, rester bienveillant et neutre, ne porter aucun jugement...).
Le psychologue propose une "écoute active". Cela signifie être attentif à cet autre qui nous confie son histoire, ses sentiments, ses pensées et ses émotions. Ces choses sont souvent difficiles à exprimer et cela engage un travail sur soi. La rencontre thérapeutique nécessite une véritable confiance et un respect mutuel. Pour cela, vous devez vous sentir écouté, soutenu et accompagné. Même lorsqu'il vous écoute et ne parle pas, le psychologue ne reste pas passif. Il mobilise toute son attention sur votre discours afin de rebondir dessus de façon pertinente et ainsi tenter de vous faire avancer dans vos réflexions.
Si vos proches représentent un soutien essentiel voire des ressources positives, le fait qu'ils vous connaissent personnellement peut entraver leurs capacité à rester neutres. Les personnes de votre entourage sont souvent inquiètes et cela peut les conduire à vous surprotéger ou détourner votre mal-être. Leur manque de neutralité et d'objectivité peut aussi les conduire à vous donner des conseils très directifs et vous imposer une manière de penser qui ne vous correspond pas. Le psychologue, lui, est capable de faire un pas de coté et d'être impartial.
Par ailleurs, si votre souffrance perdure dans le temps sans trouver de solutions malgré leurs tentatives d'aide, vos proches peuvent perdre patiente, se lasser ou diminuer leur capacité d'écoute et leur implication. Cela peut alors engendrer de la frustration et mener à des situations conflictuelles. Ainsi, votre rapport aux autres peut se dégrader et aggraver votre mal-être.
Si vos proches ne veulent que votre bien vous pouvez toutefois avoir peur de leur jugement, de leur regard ou de leurs préjugés. Ils cherchent certes à vous réconforter et vous conseiller mais certaines pensées peuvent susciter de la honte ou de la culpabilité et donc être difficiles à avouer à un proche. Vient alors la peur de les choquer, de les décevoir ou de fragiliser le lien qui vous unit.
Ainsi, vos proches et votre psychologue ont des rôles différents et ils ne peuvent pas se substituer l'un à l'autre. Ces différents acteurs peuvent s'allier dans votre soutien. Le psychologue possède une distance suffisante pour vous soutenir et être accueillant sans pour autant s'impliquer affectivement dans votre vie privée. La différence principale réside dans l'absence d'intimité entre le patient et le psychologue. Le psychologue n'attend pas de réciprocité de la part du patient à l'inverse de certains proches et il aura toujours un temps et un espace à vous offrir quoi qu'il arrive.
Le travail thérapeutique se poursuit en dehors des séances pour le patient comme pour le thérapeute. Vous repensez à ce que vous pu dire ou auriez aimé dire. De même, le travail du psychologue ne s'arrête pas à la fin de la séance. Il consacre du temps pour écrire et penser les problématiques abordées et réfléchir aux axes de travail.